Charles Ratton et la Question de «Provenance»

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 Ma plus belle version francaise – Des citations en anglais en version originale!

La version originale du texte est en Allemand: (Link)

A l’occasion d’une exposition de laboratoire au Weltkulturenmuseum, Frankfurt/Main

 

 Les différentes voix, dans l’ordre de leur première apparition:

  1. Gesammelt Gekauft Geraubt – eine Laborausstellung 2018 im Weltkulturenmuseum, Frankfurt am Main, 15.8. 2018 bis 1.9.2019 (Link)
  2.  Anciens Senateurs IIIème République: Maurice de Rothschild“  (Link)
  3. Tribute to a Tastemaker: Charles Ratton raised the profile of tribal art and was ahead of his time in realising its commercial potential Gareth Harris, Financial Times July 19, 2013 (Link?) FT
  4. Charles Ratton – L’Invention des Arts Primitifs 2013 – numéro 586 hors-série très belle de „Connaissance des Arts“  avec le Musée Quai Branly: préface Stéphane Martin; „Un Regard Neuf“ – entretien avec Philippe Dagen et Maureen Murphy
  5. Les statues meurent aussi  film d’ Alain Resnais’ und Chris Marker 1951 (Link youtube 30′)
  6.  Primitivismus in der Kunst des zwanzigsten Jahrhundert N.Y. 1985, Einleitung (Introduction) du directeur William Rubin et l’article de Jean-Luis Paudrat „Aus Afrika“ (Prestel édition allemande)
  7.  Der Mann mit den Masken – Das Jahrhundertleben des Werner Muensterberger von Lisa Zeitz, Berlin-Verlag 2013 – W.M. (1913-2013), un ami de Charles Ratton (1897-1986) comme client et élève
  8. La Découverte différée des objets Kuyu von Anne-Marie Bénézech  49 S. abondamment illustrieré comme pdf du MEG (Link), Musée d’Ethnologie de Genève, connu pour son engagement  dans le récherche des provenances (Link)

 

Un tableau d’exposition nourrit la suspicion de “mauvaise” provenance

Un spectre circule en Europe: la recherche de provenance. En août, une exposition de laboratoire Weltkulturenmuseum de Francfort documente une recherche de traces du colonialisme allemand et du Troisième Reich dans son grand dépôt. Elle cite aussi la galérie Charles Rattonà cause d’un achat important du musée en 1943 à Paris de 572 objets de la collection de Maurice de Rothschild pour 140.000 francs. Il était «juif».

 

  Ratton – Profiteur pendant l’occupation Nazie?

 Charles Ratton était une grande adresse pour les Arts Primitifs pendant près de soixante ans. Le Musée Quai Branly lui a consacré 2013 une exposition solo. Plus à ce sujet plus tard.

Maurice de Rothschild (* 1881) était sénateur pour les Hautes Alpes pendant la Troisième République. Rothschild a fait son renommée principalement comme collectionneur d’art et mécène, il entrait 1935 au Conseil des Musées Nationaux et 1937 dans l’Académie des Beaux-Arts. Juste avant la capitulation militaire de juin 1940, il a quitté la France et vivait en Angleterre et en Suisse. Le sénateur était client et ‚mécène’ de Charles Ratton. Peu probable que Ratton ait même pensé à l’escroquer. Le prix d’achat était son problème, je suppose.(Link)

Le commerce d’art de Ratton sous l’occupation a naturellement rempli le fait de la collaboration. L’étendue de la livraison au musée de Francfort suggère une certaine ampleur. Le Reich voulait se doter de trésors artistiques de l’Europe occupée. Dans le système de vol d’art à grande échelle l’Allemagne nazie, aussi les marchands d’art dans les territoires occupés et neutres ont joué un rôle. Gareth Harris (Financial Times,3.) cite le proche collaborateur Guy Ladrière aux rumeurs selon lesquelles Ratton aurait collaboré avec les nazis. ““There were many rumours …but did he take advantage of Jewish dealers and collectors? No.” ” Au fait, Ratton était”extrêmement discret“. “Son principe directeur était de ne rien dire“.

 

Profiteur du colonialisme

Gareth Harris (3.) aborde également le deuxième tabou de la «provenance»:

The issue of colonialism looms larger. Whether Ratton was anti-colonialist is difficult to ascertain: he was happy to loan works to the anachronistic Musée des Colonies, founded at the Palais de la Porte Dorée in 1931, but two decades later appeared to voice concern about colonial policy in Alain Resnais and Chris Marker’s 1953 film Les statues meurent aussi (Statues Also Die). Une déclaration de Ratton de 1945: Gareth cites Ratton: “Nothing is coming from the colonies any more; they are being emptied out, and exporting indigenous pieces will soon be prohibited“. Whether he was lamenting the drying up of a source of works to sell or the cultural depletion of colonised territories is a bone of contention. “I don’t think he regretted the fact that the colonies were being emptied, on the contrary. For him, this was a ‘fatality’ of the situation and he tried to make the best out of it,” says Murphy. The dealer’s ambiguous history resonates in the museum: the Musée du Quai Branly, backed by then president Jacques Chirac, opened in 2006 and could be considered an attempt to atone for the west’s colonial past. “[Ratton] promoted [non-western] art, but at the same time bought objects that weren’t supposed to leave the African continent,” says Murphy. “Beauty came first and then ethical considerations, but Ratton wasn’t worse than other art dealers of the era, just more prudent. He was a man of his times, with all the contradictions it implied

 

Justement pour aider Votre imagination:

Le Petit Journal” Deux photos de couverture de la Campagne du Dahomey du colonel Dodds à l’automne 1892 ….

et une prise de guerre, présentée par les Cahiers d’Arts n° 586 (4.)
« Prise de guerre coloniale, résultant de la victoire du colonel français Dodds sur le roi Béhanzin (1844 – 1906) du Dahomey, cette effigié martiale, , vendue à Charles Ratton par l’héritier du colonel, Achille Lemoine, appartenait sans doute au trésor royal dahoméen. Le sexe en érection du roi divinisé fut rabattu par le marchand, ce qui permet à l’objet de franchir les bornes acceptables pour l’époque d’une visibilité <tous publics>. »

“Le Petit Journal” Dahomey-Kampagne 1892

 

In Rattons Besitz – CdA no.586, 2013

1953 – Conseiller artistique de ‘Les Statues Meurent aussi’ (5.)

J’ai revu le film: Charles Ratton a été honoré dans le générique en tant que consultant en art. Et des noms encore plus honorables suivent: le British Museum de Londres, le Musée de l’Homme à Paris et les musées coloniaux belges de Bruxelles (Tervuren) et Léopoldville. Alain Resnais et de Chris Marker étaient les responsables pour le commentaire. Conclusion: Même dans cet engagement politique, Charles Ratton est resté discrètement en pleine couverture.

J’ai été déçu par le film classique à plus d’un titre. Le film est divisé en deux parties. La première célèbre une sorte de spiritualité ‚africaine’ du style Carl Einstein (Link). La prose’expressionniste’ est illustrée d’un pot-pourri trépidant de sculptures africaines anonymes et conditionnée d’une musique de cinéma qui vient d’Asie. La deuxième partie est aussi polémique qu’ abstraite, comme pour agacer la censure française et moins pour informer les spectateurs.

 

En tant que provenance – Charles Ratton au-delà du bien et du mal?

Bienque Charles Ratton ait dépassé les limites de la ’political correctness’ actuelle, regardons avec Stéphane Martin, directrice du Musée Branly (4. ‘Connaissance des Arts’ p.3) sa vision esthétique et son calcul stratégique:

«Dans les années 1920, les objets extra-occidentaux n’étaient le plus souvent, que des accessoires d’atelier, sources d’inspiration pour les créateurs d’avant-garde. Chinés aux puces ou chez des brocanteurs, ils n’avaient aucune valeur. Charles Ratton vendait masques et sculptures à des prix élevés, persuadé que ce qui est vendu cher est regardé différemment et qu’à défaut d’un tel statut économique les art primitifs n’auraient pu acquérir leur autonomie. (…) Charles Ratton n’a jamais voyagé en Afrique ou en Océanie, il ne s’est jamais aventuré sur le terrain et s’est attaché davantage à la qualité esthétique des objets qu’à leur fonction. Il aeut tout à fait conscience de la rareté et de l’importance de certaines pièces qui passaient entre ses mains. Comme il était de tradition chez les grands antiquaires et galeristes, il collabora avec les musées, prêtant des œuvres, faisant des dons, concevant des expositions, fondant la Société des Amis du Musée de l’Homme en 1937. Il souhaitait qu’une partie de sa collection integre le musée au Louvre.»

La conservatrice Maureen Murphy ajoute pendant un entretien (ibid p.4 «Un Regard Neuf»):

«Charles Ratton a voulu rompre avec la vision primitiviste développé par Bracque et Picasso au début du XXème siècle, ou par le marchand Paul Guillaume (1891-1934). Il a souhaité dépasser l’exotisme, en vogue dans les années 1920 pour étudier sérieusement ces objets, en expert et en érudit, comme il s’y déjà appliqué pour le Moyen Age et de la Renaissance, dont il était grand amateur. »

Et Philippe Dagen affirme: « Tout au long de sa vie, Charles Ratton s’est révélé un infatigable propagandiste des arts non européens. Il a souhaité de l’inscrire dans une perspective neuve, celle d’un historien formé à l’École du Louvre. » (Ibid.)

Les historiens de l’art n’ont aucun problème avec “l’art du moyen âge européen” depuis le 19ème siècle. Au lieu d’entrer dans ravissements, je consulte « Primitivismus » le catalogue de la légendaire exposition (6., édition allemande). William Rubin atteste à Ratton la qualité de goût (33). Mais son goût franco-belge – complètement différent de la sélection de Picasso – mis l’accent sur l’artisanat, souvent complexe et très raffiné, des surfaces polies ou patinés lisses et sur un réalisme stylisé et mésuré (25, Introduction).

C.Einstein-Negerplastik 118. o.T. (Kumu)

Cette remarque prête à équivoque. Werner Muensterberger, lui-même collectionneur et marchand a raconté d’un rencontre d’une masque d’initiation redoutable de Kumu chez Ratton – le no. 118 dans C. Einstein Negerplastik 1915) –  et qu’il était alors incapable de l’acheter (7.,Lisa Zeitz, p.222). Charles Ratton a également promu les Surréalistes et en 1945 le mouvement Art Brut de Jean Dubuffet.

 

Jean-Louis Paudrat résume dans l’article “Aus Afrika” (6.):

Ratton avait musées et collectionneurs d’élite internationaux comme clients (177).“Grâce à la collection d’œuvres d’une qualité extraordinaire, il a donné les clients des chefs-d’œuvre de l’art africain“ , notemment Jacob Epstein, l’excentrique Eduard von der Heydt et Helena Rubinstein. (177).

Lisa Zeitz rapporte une scène que Werner Muensterberger lui a racontée:

La galerie de Charles Ratton n’est pas une galerie ordinaire. Celui qui est intéressé par un objet, est invité pour un sherry ou un thé, reçu par un maître d’hôtel, effectué dans un salon, il prend place dans fauteuil. Puis on le demande ce qu’il veut voir. Intéressé par le masque de la Baule, par exemple, le majordome vient avec un chariot de thé sur lequel est posé un masque sur un piédestal. Ainsi, vous pouvez regarder la pièce de tous les côtés. Immédiatement l’expert cherche les traces de sueur et sébum à l’intérieur du masque. Cette patine est un signe que le masque a été utilisé rituellement. Si l’invité a fini son observation, le maître d’hôtel roule le chariot dehors, et un autre objet est montré, mais un seul à la fois, comme Muensterberger se souvient“. (7.: 112, trad.)

La mise en scène a eu son effet en ennoblissant l’objet à une véritable «œuvre d’art autonome», créant un espace pour l’Aura de l’unicité et de l’incomparabilité. Le geste du client est intéressant: une patine sacrée était pour lui une preuve d’authenticité et indispensable pour l’art africain.

Nonobstant les raisons pragmatiques du client pour le test de l’objet, la scène est grotesque dans sa contradiction inconciliable: maître d’hôtel contre traces du vrai sueur nègre des colonies.  – Les fantasmes de Carl Einstein (Link) étaient virulentes, dans Muensterberger aussi. (ibid. 118-122)

Tout cela est  dans la phraseJ de Jamin 1982, cité par Paudrat: „Certaines pièces rares et belles sont transformées d’ images miroir d’une autre vie en chefs-d’œuvre de l’art » (6.,177 Anm.119, trad.).

Charles Ratton n’était pas artiste. Pour ainsi dire: Comme historien d’art, comme galeriste, médiateur et organisateur il représente la stérilisation et l’homogénéisation commerciale de l’Art.

 

Une partition du marché pour les « Kuyu »: Manipulation de marché?

Je suis tombé sur un essay détaillé et richement illustré de Anne-Marie Bénézech, «La découverte différée d’objets Kuyu» (8.), distribué par la MEG en format pdf: (Lien). Elle raconte la carrière d’un petit groupe de sculptures congolaises en Europe avec participation importante d’Aristide Courtois et Charles Ratton. Bénézech était depuis sa thèse en 1989 à la Sorbonne expert sur l’histoire et l’art de Kuyu-Mbochi et son étude inédite était diffusée dans le commerce de l’art. Les musées et des collectionneurs éminents tels que Charles Ratton et Pierre Vérité avaient ouvert ses dépôts. Ils étaient récompensés par la publication d’un Canon basé sur les pièces connues en Europe et par la définition de trois styles.

Bénézech MEG fig.1-3 Stile I-III

Deux d’entre eux sont extrêmement rares. Un tel Canon est scientifiquement utile, mais aussi un moyen efficace pour des acteurs privilegiés pour limiter l’offre de produits ’authentiques’ et refuser des concurrents d’extérieur. Sylvester O. Ogbechie accuse dans « Making History » (Link) un cartel international contre les collectionneurs et les vendeurs en Afrique en utilisant l’exemple de bronzes Bénin.

Anne-Marie Bénézech se pose la question: «Pourquoi la reconnaissance de la valeur marchande et anthropologique des pièces Kuyu s’est fait attendre jusqu’à la fin du 20e siècle?» (3)

Je trouve étrange le couplage de valeur marchande – mentionnée en premiere – et la valeur anthropologique!  Mais  je suis un peu decu par les explications offertes:

Bénézech MEG fig.21-expo coniale 1931

«Les objets du style III ont longtemps monopolisé l’attention, tandis que les plus anciens et les plus puissants gardés en réserve du marché.» (3) Le style III est représenté en particulier depuis Kébé-Kébé, têtes de marionnettes de danse depuis le début du XXe siècle (Lien). Ils ont inspiré d’immenses colonnes décoratives à l’entrée de’l Exposition Coloniale de 1931, ce fait rendait ce style connu. D’ailleurs des artisans de Kuyu et Mbochi produisent encore aujourd’hui dans ce style.

Bénézech résume les jugements esthétiques hostiles au style des sculptures discréditées pour longtemps: trop colorés, rarement de valeur artistique (24/25). – Sans doute le ’goût franco-belge’ évoqué par William Rubin (6.)y jouait sa part.

Dans son corpus d’environ 400 objets d’art de Kuyu, le Style III représente près de quatre-vingt dix pour cent. Avec cela, on peut dire: monopoliser l’attention. Seulement 40 et 16 sont en styles I et II, caractérisés par Bénézech comme plus âgé, plus archaïque et spécifiquement kuyu.

Alfred Armand Poupon, avant la Première Guerre mondiale Administrateur, n’a jamais vu des objets du style I et II. Ils n’étaient pas montré au représentant de la nouvelle puissance coloniale, même s’il personnellement était intéressé aux cérémonies et à l’ethnographie. Cependant ses successeurs Georges Thomann et surtout Aristide Courtois (5), celui plus engagé dans une mission de police (7), un esthète entreprenant qui avait un oeil pour les objets fortes mais n’avait pas d’intérêt dans’une documentation ethnographique. Ces administrateurs ont collecté la quasi-totalité des pièces de styles I er II. (5)

Peut-être une explication se cache dans un argument de Bénézech qui explique ainsi la production en masse commerciale des objets de style III: «Forcé de payer l’impôt en monnaie, un chef kuyupouvait avoir à vendre ce qui normalement n’était pas un objet de commerce». (8)

Plus tard, les administrateurs ont vu dans tous les cas l’habituel Kébé-Kébé du style III. Vingt ans après l’ iconoclasme déchaîné par le « prophète » ou visionnaire Pascal Tsakas-Tsakas parmi les Kuyu-Mbochi, Anne-Marie Bénézech apprend 1985 en Congo-Brazzaville que les styles I et II sont complètement supprimé de la mémoire autochthone – en parallèle avec le déclin des sociétés secrètes – tandis que le style III est maintenant le symbole de l’identité de la région Cuvette (ibid.). (15)

A La découverte différée elle propose une deuxième explication: Ni les uns, ni les autres (styles) étaient conformes aux attentes du regard occidental. (3)

Si Denise Paulme du Musée de l’Homme 1956 a fait la suggestion pragmatique de brosser des objets et de les croître légèrement pour adoucir les couleurs criantes (27), je soupçonne qu’elle vise toujours le ‘goût franco-belge‘. Les artistes français dont „Der Primitivismus” de Rubin fait le portrait, avaient un point de vue tout différent.

Après leur entrée – noir et blanc et anonymes – dans le film «Les statues meurent aussi» (à partir de 1965) les objets kuyu «ont été oubliés après service rendu à la la cause de l’art africain.» (28).

Seul le Musée Dapper a entamé un revirement en 1993. Et finalement à partir de 2006, le prix aux enchères pour sculptures de cette ethnie méconnue (30) ont franchi 1 million €.

Même les attentes du regard occidental (31) ne sont pas un problème grave si vous vous préparez bien. Courtois, Ratton et Vérité ont judicieusement mis cela à profit au moment où ils ont retenu les pièces de Kuyu les plus anciennes et de la plus haute qualité dans leurs dépots pendant des décennies. Pour les détails consultez le pdf du MEG.

Courtois a vendu dès 1938 son rendement quasi-exclusivement (18) à deux collectionneurs et marchands, jusqu’en 1943 aussi à Charles Ratton, alors seulement à Pierre Verité. (19) Ils ont réservé doénavant ces pièces pour un cercle illustre qui fut autorisé à voir et à acheter, parmi lesquels Josef Müller du futur Musée Barbier-Mueller et en 1986 directement au Musée Dapper. (21) On était très réservé à l’exposition de ces pièces après-guerre. (20)

C’est pourquoi, si vous regardez les catalogues d’exposition et les livres illustrés de plus près, vous allez voir toujours les mêmes sculptures Kuyu. Même les faussaires ont eu des difficultés , car ils n’arrivaient pas assez proches des originaux, Bénézech raconte. (23)

Bref, la chose reste colonialiste du début à la fin: Ramassage par un Administrateur colonial, thésaurisation dans les mains des marchands d’art et commercialisation au prix le plus élevé avec une aura de valeurs culturels. J’avoue: cela m’agace.

Le commerçant africain Haussa en Afrique de l’Ouest est plus sincère quand il dit (“In and out of Africa“,1993): “J’ai d’abord trafiqué des diamants, maintenant du ‚bois’“. Et encore: “Quand je rentre chez moi, je ne prends pas une seule pièce avec moi, mes enfants ne devraient même pas voir ça“.

Tandis que les kuyu perdaient progressivement leur identité culturelle au milieu des mbochi (3), le ’trio criminel’ cachait les meilleures preuves de leur tradition.

Dans un autre cas, pour les descendants du royaume du Bénin (Nigeria) de tels objets ont leur signification politique dans l’affirmation de soi contre la tutelle des Yoruba. Leur roi avait osé une révolte en 1897, était exilé, le trésor de la Couronne confisqué et vendu au profit des caisses de l’Etat. Aujourd’hui la reprise est un objectif politique. (Ogbechie: Making History.)

 

Une Médaille à Charles Ratton!  “Tastemaker”

Garreth Harris a titré sa critique de l’exposition au Branly dans le Financial Times: “Tribute to a Tastemaker – Charles Ratton raised the profile of tribal art and was ahead of his time in realising its commercial potential.” (3) – British understatement? Je ne crois pas.

Les styles Kuyu I et II en exil vont faire leurs cercle de ventes aux enchères chez Sotheby et complices.

Pour nous autres, les beautés chères sont témoins d’une époque passée, avec ses dents parfaites les lèvres rouges et ses riches cicatrices.   La confrontation avec une photographie témoigne du réalisme magistral de la sculpture dans «Les statues meurent aussi» et l’homme au front tatoué, (1984, Bénézech MEG fig.25)

aus ‘Les statues meurent aussi’ (Kuyu, mais en l’ anonymat)

Bénézech MEG fig.25

 

 

 

 

 

 

 

 

Et aux marchés aux puces du monde des curiosités brutes de l’Afrique nous attendent, tout comme en 1926, lorsque Charles Ratton a commencé son entreprise, et dans les décennies avant et après.

Je voudrais finir mon message avec l’optimisme prudent de l’anthropologue américain de l’art Zoé S. Strother: “I think that the corpus of African art will be transformed over the next fifty years as we break free from the restrictive norms applied by the first generation of enthusiasts.

« Je pense que le corpus de l’art africain changera au cours des cinquante prochaines années alors que nous nous allons libérer des normes restrictives de la première génération de passionnés.»

 

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