Centième anniversaire de Vilém Flusser / 100th anniversary of Vilém Flusser

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A la fêté du centième anniversaire de Vilém Flusser tout le monde est assigné à résidence

(Écrit fin du Mars 2020 pour FLUSSER STUDIES 29 MAY 2020 (LIEN) , traduction 1er juin par l’auteur)

 

Vilem_Flusser_1940., fr.wikipedia.org (LIEN))

Qu’est-ce qui est approprié dans une telle année de commémoration? – Il y a seulement quatre ans que nous avons célébré le 25e anniversaire de sa mort – Expression de gratitude? Anecdotes? Souvenir de pensées avantgardistes? Un autre honneur? Retouches discrètes? Que peux-je transmettre aux personnes qui, comme moi, apprécient Vilém Flusser, mais différemment?
Quiconque meurt coïncide avec son époque hors-jeu. La façon dont Flusser “peut vivre dans la mémoire des autres” (citation sur un CD) dépend de nous. Et de notre situation dans laquelle on nous demande d’écrire quelque chose. Êtes-vous comme moi habituellement avec votre tête ailleurs? Êtes-vous affaissé dans vos devoirs académiques? Critiquez-vous actuellement une autre vision de Flusser ou développez-vous une nouvelle perspective?

Je ne peux pas me cacher la situation actuelle. Aussi dramatique et chargée d’énergie qu’elle est, elle examine sa façon de travailler avec Flusser, dans un cas peut-être l’orientation archivistique ou philologique, dans l’autre le manque de distance de Flusser, dans le troisième manque d’efforts sérieux et de patience avec les textes de Flusser, malgré l’intention de rendre les résultats de ses théories pratiques.

Vilém Flusser ne s’est pas considéré comme un simple témoin de son époque – ni en tant que correspondant brésilien pour des magazines allemands ni vers 1968, 1989 ou 1990, mais la crise mondiale actuelle touche ses thèses centrales, que elles nous plaisent ou non. Les exemples suivants sont connus de tous, mais pour moi ils en font partie.

Partout dans le monde nous subissons l’assignation à résidence dans des «ruines», mais «la maison» est au moins «câblée». Nous nous asseyons devant l’ordinateur ou regardons par-dessus le coude au smartphone toujours prêt à recevoir, pour ne pas mourir d’isolement social et d’ennui. Nous sommes les plus proches les uns des autres via les réseaux numériques, mais une telle mise en réseau est la base d’une surveillance totalitaire.
En plus des médias publics «fascistes», qui diffusent actuellement des messages éducatifs populaires, des réseaux numériques «dialogiques» organisés à l’échelle mondiale sont devenus disponibles à un taux forfaitaire. Des individus éloignés deviennent intimes les uns avec les autres, bien que souvent beaucoup plus collectivement et agressivement que voisins étrangers «analogues».

Si nous «nous nous égarons» en voitures, comme Flusser le constate dans l’essai «Construire des maisons» (« Häuser bauen », Basler Zeitung vom 22.3.1989) , nous rencontrons des embouteillages et des frontières fermées, ce qui nous rappelle que le problème de la mobilité adéquate s’est aggravé. Nous nous rencontrons masqués et effrayés. Le contact physique autorisé est un privilège, mais il est souvent associé à un clôture en famille psychologiquement stressant. Comme on le sait, Flusser a abandonné le corps humain. Dans une interview SPIEGEL il a même imaginé du «sexe cérébral», mais en était plutôt dégoûté.
Le ralentissement et l’arrêt des fonctions nécessaires au système sont contrôlés par des projections et d’autres informations calculées dans «l’appareil»”. Les courbes statistiques doivent être aplaties. « La guerre contre Corona » est payée avec une somme inimaginable d’argent virtuelle. Certains disent qu’après, le monde est différent.
Oh mon dieu, encore une fois? Plus d’accélération? Encore plus d’Amazon, Foodora, suivi numérique (digital tracking), reconnaissance faciale (face recognition), Apple Watch, bots, …?

Même les jeunes universitaires à vocation académique sont sur le point de devenir des «fonctionnaires» encroûté(e)s par la routine. Ne devraient-ils pas changer les sujets mineurs habituels ou spécialisations aux études avancées, ou même abandonner le collège? Les entrepreneurs parmi les jeunes doivent réaliser que certaines succès commerciales se sont transformés en boules de démolition sociale, économique et culturelle. Leur intelligence d’essaim, enrichie de «jeu» et de créativité, est en train de devenir extrêmement dangereuse, même si toujours un comité d‘éthique dans «l’Appareil» garantit que le résultat fera du bien à notre réconfort.

Alors pourquoi Vilém Flusser aujourd’hui? Si la devise de Berlin “Notre temps est maintenant” veut dire quelque chose, elle nécessite une lecture engagée de Flusser ! Et non dans un rythme d’escargot subventionné avec liste surdimensionnée de littérature, annotations redondantes et l’abstract fade.

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(English)

On the celebration of the 100th anniversary of Vilém Flusser everyone is under house arrest  

(Written end of March 2020 for FLUSSER STUDIES 29 MAY 2020 (LINK), translated 1st of June)

What is appropriate in such a year of commemoration? – Only four years ago we celebrated his 25th death day – Expression of gratitude? Anecdotes? Remembering avant-garde thoughts? Another honor? Discreet touch-ups? What can I transmit to people who, like me, appreciate Vilém Flusser, but differently?

Anyone who dies falls behind together with his era. How „shall (Flusser) survive in the memories of others” (quote on CD)? That is up to us and to our situation when we are asked to write something. Are you usually with your head somewhere else? Are you sagging in your academic homework? Are you currently criticizing another vision of Flusser or are you developing a new perspective on him?

I cannot hide the current situation. As dramatic and charged with energy as it is, it is a challenge to our way of working with Flusser, maybe an archival or philological orientation, or the lack of inner distance to Flusser, in a third case effort and patience with Flusser’s texts might be deficient, despite the intention to make the results of his theories practical.

Vilém Flusser did not consider himself a mere witness to his time – neither as a Brazilian correspondent for German magazines nor around 1968, 1989 and 1990. But the current global crisis affects his central theses, whether we like them or not. The following examples are known to everyone, but for me they connect them both.

Around the world we are under house arrest in “ruins”, but “the house” is at least “wired”. We sit at the computer or look over our elbow at the smartphone always ready to receive, so as not to die of social isolation and boredom. We are closest to each other via digital networks, but such networking is the basis of totalitarian surveillance.

In addition to the “fascist” public media, which currently broadcast popular educational messages, globally organized “dialogical” digital networks have become available at a flat rate. Distant individuals become intimate with each other, although often much more collectively and aggressively than neighboring strangers in the “analogue” world.

If we “get lost” in cars, as Flusser notes in the essay “Building houses” (“Häuser bauen”, Basler Zeitung vom 22.3.1989), we encounter traffic jams and closed borders, which reminds us that the problem of adequate mobility has worsened. We meet masked and scared. Authorized physical contact is a privilege, but it is often associated with a psychologically stressful caged partnership. As we know, Flusser has abandoned the human body theoretically. In an interview with SPIEGEL he even imagined “cerebral sex”, but was rather disgusted with it.

The slow-down and stop-down of functions necessary for the system are controlled by extrapolations and other information calculated in the “Apparatus”. The statistical curves must be flattened. “The war against Corona” is paid with an unimaginable sum of virtual money. Some say that the world is different hereafter.

 

Oh my god, again? More acceleration? Even more from Amazon, Foodora, digital tracking, face recognition, Apple Watch, bots, …?

 

Even the young with academic vocation are on the verge of becoming “civil servants” overwhelmed by routine. Should they not change the usual minor subjects or specializations in advanced studies, or even drop out of college? Entrepreneurs among young people must realize that certain commercial successes have turned into balls of social, economic and cultural demolition. Their Swarm intelligence, enriched by “play” and creativity, is becoming extremely dangerous, even if always an ethics committee in the “Apparatus” guarantees that the result will do good to our comfort.

So why Vilém Flusser today? If the Berlin motto “Our time is now” means something, it requires a committed reading of Flusser! Surely not in a subsidized snail pace with an oversized list of literature, redundant annotations and a bland abstract.

 

 

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